Réflexion

Perspectives

Le Travail, une vocation

29 avril 2024administrateur

Il y a quelques semaines de cela, le réseau FEF m’a demandé d’animer un webinaire sur le monde du travail. Ils étaient intéressés par mon expérience passée dans le monde des affaires, en particulier comment cela affectait aujourd’hui mon ministère en tant que pasteur, directeur régional et président de Perspectives. Il est indéniable que ces années m’ont forgées dans mon approche du ministère !


Cliquez sur l’image pour voir la rediffusion de l’intervention

Avec un pied à l’intérieur et un autre à l’extérieur de l’Église, je suis depuis longtemps préoccupé par la situation des “chrétiens dispersés”, car c’est l’histoire de ma vie ! Je suis convaincu de notre rôle essentiel de témoin du Christ dans le monde professionnel, et je suis chaque jour animé par cette passion de rejoindre les professionnels (chrétiens et non chrétiens), de pouvoir contribuer dans leur vie et de les réconcilier avec Dieu.

Comme Alain André l’a écrit, le travail est une marque de la dignité humaine. Luther et Calvin le disaient : « le travail est une vocation de l’homme, reçue de Dieu ». Grâce aux pratiques intègres et sérieuses que cela induit, nous sommes des ministères de Dieu dans notre travail ! Je partage cette conviction que le travail est une manière d’assurer ce mandat d’intendance que Dieu nous a confié ; il doit être accompli de façon à glorifier Dieu et servir les autres : « Tout ce que vous faites, faites-le de (toute) votre âme, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense. Servez Christ le Seigneur » (Colossiens 3 :23-24).

 

Ce qui me motive également, c’est que je vois que nous sommes face à un tournant dans le monde du travail. Hubert Joly, ancien PDG de Best Buy (entreprise mondiale de vente de matériel électronique), a écrit dans un bel article publié dans le Harvard Business Review: « Je ne crois qu’en l’humain ». Un nouveau mouvement émerge, avec d’autres valeurs. La priorité était le profit, désormais, c’est le bien commun. Le profit reste un impératif, mais ce n’est plus une finalité. Ce leader d’un nouveau genre est dans une vraie quête de sens. Son rôle n’est plus de résoudre les problèmes, mais de créer un environnement au sein duquel les salariés peuvent exprimer tout leur potentiel. Ils aspirent à  plus d’ authenticité, de vulnérabilité, d’humilité, d’humanité et d’empathie. Ces nouveaux dirigeants travaillent sur la raison d’être et veulent que les salariés se reconnaissent en elle. Derrière chaque fonction, n’y a-t-il pas un être humain ? Le job devient alors une vocation !

 

En tant que serviteurs et enseignants de la Parole de Dieu, n’avons-nous pas beaucoup de choses à dire sur ces valeurs ? Ces caractéristiques ? La Bible parle d’éthique du travail, de la raison d’être, la raison d’y être, le courage, la patience, l’intégrité, les relations humaines, le rapport entre maîtres et serviteurs, les objectifs, le résultat.  Nous sommes tous, de près ou de loin, des “influenceurs”.  Nous avons tous cet appel d’être le sel et la lumière dans ce monde, là où Dieu nous a placé. Ce n’est pas juste l’affaire du pasteur mais bel et bien un commandement de Dieu pour tous les chrétiens.

 

Selon 2 Corinthiens 5 : 18-21, Dieu nous a bien réconciliés avec lui par Christ. Il nous a donné le ministère de la réconciliation. Il a bien mis en nous la parole de réconciliation. Nous assumons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous. Éphésiens 4 :1 nous exhorte par ailleurs à marcher d’une manière digne de la vocation qui nous a été adressée.

 

Alors comment accueillir les professionnels dans nos Églises ? Comment les rejoindre là où ils sont ? Comment les accompagner dans leurs défis de tous les jours ? Comment les aider à voir leur travail comme un ministère plutôt qu’alimentaire ? Comment prier pour eux et prendre soin d’eux ? Un exercice utile est d’identifier leurs talents et compétences, leurs savoir-faire et savoir-être mais ce n’est pas un exercice simple. Il nécessite souvent l’aide d’un vis-à-vis pour poser des mots sur ce qui “est”. Cependant, cet exercice aide tellement les personnes à progresser dans leur témoignage, et à faire profiter aux autres ce dont elles ont pris conscience ! Alain André a écrit dans son livre « Église où es-tu? » « Il est important que dans l’Église on entoure cet exercice, non pas de manière restrictive, sous l’angle seulement de la part que la personne peut apporter aux besoins de l’église locale, mais dans une approche globale, afin que chaque chrétien puisse pleinement réaliser sa destinée dans tous les aspects de sa vie, et dans tous ses cercles de relations. Ainsi, il sera un témoin de Christ efficace, et une bénédiction pour tous. »

 

Si j’approfondis ma réflexion par l’étude de la Bible, j’aime également consulter des ouvrages et des revues professionnelles de qualité sur le sujet. Récemment, je lisais un article très intéressant sur la seconde partie de notre vie professionnelle, ce qui m’amène à considérer particulièrement les professionnels de plus de 45 ans. Ci-dessous un extrait de l’article :

 

« De nos jours, la majorité du travail relève du savoir, et les travailleurs du savoir ne sont pas à mettre au rebut après vingt années de carrière. Ils s’ennuient, tout simplement. On entend beaucoup parler de la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine. C’est surtout d’ennui que les gens souffrent. Par exemple, à 45 ans, la plupart des cadres ont atteint le sommet de leur carrière, et ils le savent. Après avoir fait à peu près la même chose pendant vingt ans, ils sont très bons dans leur branche. Mais ils n’apprennent plus, n’apportent plus grand-chose dans leur travail et n’y trouvent ni enjeu ni satisfaction. Et pourtant, ce sont encore 20, sinon 25 années de travail qui les attendent. C’est pourquoi, de plus en plus, la gestion de soi conduit à entreprendre une seconde carrière. Ces personnes ont de solides compétences et elles savent travailler. Elles ont besoin d’une communauté, les enfants sont partis, la maison est vide et ils ont besoin d’un défi. Nombreux sont ceux qui restent dans leur branche d’activité à plein temps ou temps partiel ou comme consultant, mais s’engagent dans une activité parallèle, le plus souvent dans une association à but non lucratif à laquelle ils consacrent une dizaine d’heures par semaine. Il peut s’agir de l’administration de leur église, ou de la présidence d’un conseil, ou dans l’enseignement. Certains n’hésitent pas à reprendre des formations… »

 

Cette réflexion m’encourage ! Elle m’amène aussi à réfléchir sur les chrétiens professionnels de cet âge : comment les accompagner à servir le Seigneur dans nos Églises ou en-dehors de l’Église ? Comment les aider dans leur rôle d’ambassadeur du Christ auprès des non-chrétiens ?

 

Je laisse ces deux paroles en guise de conclusion :

  • Nous sommes appelés à utiliser nos ressources pour glorifier Dieu, veillons en tant qu’Église sur nos professionnels pour les aider dans leur témoignage
  • Nous sommes appelés à être des témoins, évitons donc un entre soi enfermant entre chrétiens, et cultivons des relations avec les professionnels

 

Si vous désirez creuser sur le sujet, voici quelques références de qualité :

  • « Église où es-tu ? » d’Alain ANDRE
  • « Le travail centré sur l’évangile » de Tim CHESTER
  • « Ma vie professionnelle, une aventure de foi » d’Anne Marie BUSSON
  • « Vivre sa foi au travail » de Pierre CHEVALIER
  • « Dieu dans son travail » de Tim KELLER
  • « Agir, travailler, militer » Frédéric De Coninck
  • « Une vision transformatrice » (Impact Academia) Brian WALSH & Richard MIDDLETON

Bonne lecture ! Et voici aussi la vidéo des questions-réponses liée au Webinaire R-FEF :

Patrice Niveaux
président de Perspectives

Partager l'article :

Perspectives