Réflexion

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Créés pour s’émerveiller

22 février 2024administrateur

OÙ EN SOMMES-NOUS DE NOTRE ÉMERVEILLEMENT POUR DIEU ?

Article de réflexion inspiré de l’ouvrage de Paul David Tripp : « Créés pour s’émerveiller » (BLF éditions).

Souvenons-nous des jours où nous étions de petits enfants découvrant pour le monde dans lequel nous venions de naitre ! En ce temps, chaque chose nous éblouissait, et chaque jour nous apportait son lot de nouveautés et d’émerveillement : les fleurs du printemps, la multitude des papillons, les couleurs dorées des arbres en automne, la neige en hiver agréablement froide et lumineuse. Plus tard s’est ajouté la découverte amusante des multiples animaux tous plus étonnants et invraisemblables les uns que les autres, et plus tard encore, celle des lois de la physique mettant en mouvement les étoiles et libérant des puissances infinies qui défient notre imagination. Petits, nous avions un monde extraordinaire à découvrir. Tout était surprise, fascination, étonnement ! La terre était remplie de richesses et de beautés, voulues par Dieu, créées par Lui et chacune dévoilait un peu de Sa personne, un peu de son cœur de Père ! Chaque jour était marqué par un émerveillement nouveau… et puis… avec le temps, notre émerveillement c’est progressivement émoussé, et peut-être même éteint, et nous sommes enfoncés dans l’habitude, parfois dans l’ennui !

Où en sommes-nous de notre émerveillement aujourd’hui ? Où est passée la soif de notre âme qui nous poussaient à admirer, à découvrir toujours davantage ? Et surtout, qu’en est-il de notre émerveillement pour Dieu depuis la période de notre conversion à Christ ?

Parmi les nombreux textes bibliques, les Psaumes sont sans doute ceux qui nous parlent le plus souvent et le plus spontanément des merveilles de Dieu :

Ps 9.2-3 : Je te louerai, Éternel, de tout mon cœur, je raconterai toutes tes merveilles. Je ferai de toi le sujet de ma joie et de mon allégresse …

Ps 89.6-7 : Le ciel célèbre tes merveilles, Éternel, et ta fidélité dans l’assemblée des saints. En effet, qui, dans le ciel, peut se comparer à l’Éternel ? Qui est semblable à toi parmi les fils de Dieu ?

Ps 139.6 : Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir … 14 Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et je le reconnais bien.

Le mot « merveilles » ou « merveilleux » traduit en français le mot hébreux « Pele » ou « Pili » qui signifie : admirable, magnifique, miraculeux, incompréhensible, extraordinaire, étonnant, et bien sûr merveilleux ! Et il est parfaitement juste de dire que les œuvres de Dieu sont admirables quand on contemple la complexité de notre corps, la sensibilité de notre âme, la conscience de notre propre esprit humain.

De nombreux textes bibliques parlent des merveilles de Dieu, on peut noter que le psaume 145 et aussi le premier chapitre de l’épitre aux Romains qui suggèrent tous deux que « émerveillement » et « adoration » sont les deux faces d’une même pièce. Le premier induisant la seconde. L’adoration sincère et véritable jaillit de l’émerveillement qui nous envahit à la vue de la magnificence de la Création, de la splendeur de ce que Dieu fait et de ce qu’il est.

Et si l’on fait un saut vers le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, pour y chercher quelques lumières sur le sujet. On est loin d’être déçu ! La ville sainte, la nouvelle Jérusalem décrite au chapitre 21 semble justement construite pour susciter en nous un émerveillement intense. Elle est parée de nombreuses pierres précieuses, et ses murs sont fait d’un or aussi transparent que le cristal, lui-même parcouru par une lumière découlant directement de la gloire de Dieu. Cet éblouissement est comparé à celui que peut ressentir un fiancé lorsque sa fiancée apparaît, ravissante, charmante le jour même de ses noces.

Mais le geste d’adoration sans doute le plus remarquable du livre de l’Apocalypse est décrit au chapitre 4, où l’on voit vingt-quatre anciens (probablement un symbole de l’humanité sauvée), jeter leur couronne devant Dieu en hommage à Celui qui a tout créé ! Il ne faudrait surtout pas imaginer qu’il s’agit là d’un geste de soumission apeurée face à la puissance infinie et terrifiante du Dieu Créateur. Il est plus naturel de comprendre cette attitude comme l’effet d’un émerveillement profond, d’une admiration sans limite provoquée par celui qui siège sur le trône… au point que tout le reste, à commencer par leur propre gloire, n’a plus strictement aucune valeur.

Si, comme le disent les Proverbes, la crainte de l’Éternel est le début de la sagesse alors l’émerveillement devant Dieu en est la plénitude (car il perçoit non seulement Sa grandeur, mais aussi toutes Ses autres qualités), et c’est sans doute ainsi que l’on peut devenir progressivement des adorateurs en Esprit et en vérité, car c’est bel et bien l’Esprit qui nous révèle ces vérités sur Dieu !

 


 

Qu’en est-il de nous aujourd’hui de nous, français du XXIème siècle ? Après un siècle au cours duquel l’homme s’est lui-même considéré comme un animal évolué, dénué d’âme, ou d’esprit ; après un siècle d’imprégnation de la philosophie du soupçon, à la fois matérialistes, dé-constructionnistes ; et après un demi-siècle de propagande athée à tous les niveaux du pouvoir médiatique et politique. Il ne reste plus grand-chose de l’émerveillement qui aurait dû nous animer.

Nous sommes dans un monde profondément désenchanté, un monde clos sur lui-même qui n’a plus guère de capacité à s’émerveiller. Il y a bien sûr encore quelques instants de joie dans la contemplation de la nature, dans le regard ébahi d’un enfant, et dans les découvertes de la science … mais cela n’est plus suffisant pour nourrir le cœur de l’homme moderne si souvent plongé dans la tristesse et la morosité. Certains en viennent à fuir dans des mondes virtuels où le merveilleux est recréé de manière artificielle. D’autres s’abandonnent à des drogues et des paradis psychédéliques qui détruisent leurs propres corps. D’autres encore sont forcés de recourir aux anti-dépresseurs et aux anxiolytiques juste pour continuer à fonctionner (ce qui n’est pas un reproche, mais un effet indirect de notre monde déchu !). Pourquoi une telle situation ? Simplement parce que nous avons oublié notre Créateur, oublié que tout ce que nous apprécions sur cette terre est un effet indirect de Sa bonté. En perdant cette vérité première, nous avons perdu notre gratitude et notre capacité à nous émerveiller.

Et c’est non seulement le cas de nos contemporains incroyants, mais aussi de bon nombre de chrétiens pourtant fermement ancrés dans la Parole de Dieu, qui se sont laissés gagner par les modes de pensée d’aujourd’hui, et contaminer par la morosité générale. Bien sûr, le blâme ne repose pas uniquement sur les philosophes, ou sur les technologies modernes qui nous enlacent dans leurs mondes artificiels. C’est aussi l’effet de nos fautes, de nos multiples petites trahisons, qui chaque jour nous éloignent du Père, abiment notre cœur, et nous empêchent de discerner ce que nous aurions dû être capables de voir, de comprendre, de saisir à propos de Dieu et notamment de son amour pour nous. Il y a là un aveuglement, un assoupissement mortel, une perte de lucidité terriblement inquiétante !

Souvent au lieu de chercher notre émerveillement en Dieu, et en Lui seul, nous nous mettons à le pourchasser dans les choses de ce monde, au point de les laisser se transformer en passions nocives. La musique, le sport de haut niveau, la gastronomie, les arts, le cinéma, l’érudition, les responsabilités humaines, le pouvoir … ne sont nullement mauvais en eux-mêmes ! Bien au contraire, ce sont des grâces de Dieu qui nous associe à son œuvre. Mais la mission dévoyée qu’on leur assigne les rend souvent toxiques. Mêmes s’il y a effectivement du merveilleux en chaque chose, caché là comme un signe destiné à motiver notre quête de Dieu, ce merveilleux demeure limité et ne peut en aucun cas nous satisfaire. Car notre cœur est bien trop grand pour être comblé par les biens terrestres ou par une vaine gloire humaine, seul Dieu peut le faire ! C’est pour cela que Paul ose écrire à Timothée (2 Tim 2.22) :  » Fuis les passions de la jeunesse et recherche la justice, la foi, l’amour, la paix avec ceux qui font appel au Seigneur d’un cœur pur « … Les passions humaines sont les symptômes d’une quête d’émerveillement qui a été mal orientée !

 


 

Mais voilà, que faire pratiquement pour retrouver l’émerveillement perdu, ou pour tenter de le réorienter dans la bonne direction ?

1. La première chose est très certainement d’apprendre à s’arrêter ; s’arrêter pour contempler ce que Dieu fait chaque jour, afin de lui attribuer la gloire qui lui revient. Il s’agit de quitter momentanément notre activisme afin de vivre quelques instants de « sabbat », de contemplation de l’œuvre de Dieu, pour lui rendre grâce. La beauté d’un paysage, la chaleur d’une maison, les saveurs d’un repas, le parfum d’une fleur, c’est Lui qui nous les donne. Et plus nous saurons Le reconnaitre dans ces choses ordinaires de la vie, plus notre joie et notre émerveillement vont s’accroître.

2. Il convient aussi de revenir régulièrement à Christ pour observer son caractère parfait tel qu’il nous est dépeint dans les Évangiles, notamment sa bonté, ses compassions infinies. Jésus fait preuve d’un merveilleux équilibre de sagesse, de justice, de bonté, de patience et d’amour inconditionnel. En Lui nous avons l’image du caractère même de Dieu, une image qui a de quoi nous émerveiller tant on y décèle une harmonie, une grâce à laquelle nous aspirons tous.

3. Enfin, il convient de demander à Dieu de renouveler en nous la présence de son Esprit Saint qui seul est capable d’ôter le voile, de nous ouvrir les yeux, de nous faire dépasser la surface des choses pour nous faire éprouver de l’intérieur ce que Dieu souhaite nous dire par chacune d’elle !

 

Prions que Dieu éclaire notre âme de Sa lumière intérieure et nous donne de nous émerveiller de qui Il est, et de l’espérance merveilleuse qu’Il nous accorde. Et sachons que, même si nous ne goutons pas encore pleinement cet émerveillement annoncé dans cette vie-ci, il nous fait la promesse de nous l’accorder dans l’éternité.

Frédéric Sépari

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