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Les aumôniers militaires

08 septembre 2022administrateur

L’Aumônerie Protestante aux Armées est une composante du témoignage de l’église. L’État français a institué cette unité du soutien des armées afin que tous les militaires puissent toujours exercer leur culte, quelque soit le cadre et le temps : en temps de paix, en temps de conflit…

Au sein de Perspectives, nous sommes aujourd’hui 2 aumôniers militaires d’active (Lorenzo Monge et Philippe Boileau), et 1 aumônier de réserve citoyenne (Michaël Jacquet).
Nous aimerions par ce court article, vous présenter le rôle des aumôniers militaires, afin que vous puissiez prier, soutenir ce ministère qui touche un grand groupe de personnes qui se trouvent dans des situations bien souvent compliquées et parfois dangereuses. Les différents aumôniers militaires sont placés auprès de l’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et de l’espace ou encore la gendarmerie.

La politique générale de l’aumônerie militaire, signée par le chef d’état-major des Armées le 6 juillet 2021, définit la mission de l’aumônier militaire selon trois piliers : le soutien cultuel, le conseil au commandement et le soutien moral et spirituel. Nous constatons que les militaires ne savent pas vraiment quoi attendre de leurs aumôniers, avant même d’entrer à l’aumônerie. Beaucoup pensent que les aumôniers sont des religieux qui oeuvrent au profit des militaires qui partagent la même foi, et que leur mission s’arrête là.

D’autre part, notre société étant de plus en plus sécularisée, à quoi servent donc les aumôniers militaires aujourd’hui dans nos armées ?

Les trois rôles des aumôniers militaires

  • Assurer un soutien cultuel à tous ceux qui le désirent
    Dans notre constitution, notre pays laïque ne reconnaît aucune religion et garantit à chaque citoyen la liberté d’exercice de son culte et la liberté de croire ou de ne pas croire. Les aumôniers sont les garants de cette liberté de culte lorsque le citoyen est empêché : dans les hôpitaux, les prisons, les établissement scolaires (cas des internats) et les casernes. Si le citoyen militaire a la liberté de se rendre sur son lieu de culte lorsqu’il exerce en métropole (hors jours de garde), c’est plus difficile pour lui lorsqu’il est en opérations extérieures (OPEX) ou en exercice ou sur le territoire national.
  • Proposer un conseil au commandement
    Fort de son grade miroir (l’aumônier « prend » le grade de son interlocuteur), l’aumônier a cette proximité avec chacun qui lui permet d’être un capteur du moral des troupes. Cette neutralité lui permet de faire remonter au commandement le ressenti des décisions qu’il est amené à prendre. D’autre part, l’aumônier est un expert de son domaine cultuel et il peut lui apporter les éclairages utiles sur ces aspects dans le cadre d’une mission au contact des populations en OPEX notamment.
  • Un soutien moral et spirituel
    Nous ne sommes ni médecin, ni psychologue, encore moins psychiatre. Cependant, le troisième pilier de nos missions consiste à soutenir moralement les troupes. Nous l’avons constaté en Afrique, au Liban, le soldat est plus enclin à venir discuter avec l’aumônier quand le moral est en berne.
    Pourquoi ? Le contexte joue un rôle important. L’éloignement de la famille, le risque permanent auquel il est confronté amène à un recentrage sur les choses essentielles de la vie. La rusticité et l’enchaînement des missions peuvent aussi raviver de mauvais souvenirs…
    L’aumônier est dans une écoute bienveillante, non moralisatrice mais toujours empreinte d’empathie. Aborder le sujet de Dieu n’est pas une priorité, mais l’objectif est davantage de permettre à chacun de « vider son sac ».
    L’aumônier est tenu au secret de la confession de par son statut de pasteur auprès des militaires et l’entretien restera confidentiel.

Un petit bout de quotidien…

« Bonjour ! C’est le pasteur, je n’ai besoin de rien ! » . Alors que je visitais les uns et les autres, je passais la tête par l’entrebâillement de la porte et j’ajoutais à la cantonade « Comment ça va ? ». Vous l’avez remarqué comme moi, nous répondons souvent « Tout va bien » alors que cela ne va pas si bien que cela. « Que vais-je raconter à cet aumônier qui vient me déranger pendant mon travail ?… »

Il se trouve que ce jour là, le sergent Max*, après quelques minutes de discussion à bâton rompu sur la pluie et le beau temps, s’est ouvert à moi et a commencé à me confier que tout n’allait pas si bien. La porte du bureau se ferme, et les larmes finissent par couler. La discussion devient plus profonde et sincère, intime. L’écoute active entre en oeuvre, presque naturellement.

Les souffrances s’expriment, les encouragements aussi… Le coeur s’apaise et une vraie relation nait, de coeur à coeur, de frère d’arme à frère d’âme ? La semaine suivante, j’entends « Pasteur, ça m’a fait un bien fou de vous parler ! »

L’aumônier que je suis ne sort jamais indemne de ces échanges, mais encouragé, moi aussi, par le bien que procure cette écoute dont nous avons tous besoin…

*le prénom et le grade ont été modifiés.

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