Réflexion

Perspectives

L’IMPLANTATION

20 janvier 2022administrateur

J’aime profondément le chapitre 10 de l’Évangile de Luc, des versets 1 à 24, que je vous invite à lire en préambule. Sans être exhaustif, j’aimerais mettre en relief quelques aspects très édifiants de ce passage, avant d’apporter une réflexion sur différents enjeux pour notre Union.


Il y a une moisson

Et la moisson est GRANDE ! Raphaël Anzenberger, lors de la journée implantation du CNEF en novembre 2021, nous montrait, carte à l’appui, les dynamiques d’implantation d’églises en Europe. Une église est ouverte tous les 3 jours en Espagne ! Il nous semble difficile de croire que, dans notre pays, la moisson est abondante tant nous avons parfois du mal à le voir dans nos réalités locales. Loin de nous pourtant l’idée de remettre en question les paroles de Jésus.

La moisson est grande ! La foi nous offre une double occasion : celle de nous réjouir de cette promesse et celle de lever les yeux vers d’autres horizons afin d’en contempler l’accomplissement au-delà de nos villes, de nos régions, de nos frontières. Certaines sources n’évoquent-elles pas plus de 40 millions de conversions au christianisme en Chine ces dix dernières années ? Le sociologue Sébastien Fath indique que l’estimation démographique de la croissance évangélique mondiale a été d’environ 30% entre 2010 et 2020. Rendez-vous compte : plus de 100 millions de conversions dans le monde en une décennie ! Parallèlement à ces 30 %, « on observe 12 % de hausse de la population globale dans la même période. La conclusion est simple : la population évangélique augmente plus vite que la population mondiale. »*

Saisissant avec foi cette parole du Seigneur en Luc 10.2, de nombreux chrétiens font sonner leur alarme de téléphone tous les jours à 10h02. Quelle que soit leur activité en cours, à l’instant où  la sonnerie retentit, ils prient : « Seigneur, toi le maître de la moisson, envoie des ouvriers dans ta moisson et accorde-moi surtout le privilège d’être cet ouvrier aujourd’hui ». Les anecdotes de prières exaucées sont nombreuses.

Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.


Il y a une régression

« Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. 18 Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. 19 Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. »

L’ennemi recule. Chaque fois que nous témoignons, que nous prenons notre courage à deux mains pour parler de Jésus à notre voisin, à nos collègues, à nos amis… l’ennemi recule ! Fortifiez-vous en vous rappelant cette réalité invisible. « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté. » (Éphésiens 6.12-13)


Il y a une réalisation

Les promesses de l’Ancien Testament se réalisent sous les yeux des disciples. Ils sont partie intégrante de la mission de Dieu. Quel privilège de contempler l’accomplissement des Écritures et d’en faire partie ! « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24 Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »


Il y a une mission

L’ADN de « Perspectives – Des églises, une mission », fruit d’un travail collaboratif, confirme notre implication enthousiaste dans cette mission. Nous désirons que des disciples fassent des disciples ; que des églises fassent des églises. Nous voulons manifester, notamment par une « vie bonne », notre passion pour Christ ; développer des églises tournées vers l’extérieur ; nous multiplier ; valoriser les ministères ; être généreux pour le Royaume et pour le monde. La vision est exaltante et nous comptons sur la grâce de Dieu et son Esprit pour avancer ensemble sur ce chemin.


S’équiper mais comment ?

Chacun souhaite sincèrement mettre en œuvre cette vision à son niveau. Mais quels sont les défis et les obstacles auxquels nous faisons face en avançant dans ce sens ? Comment progresser concrètement dans cette direction ? 

Nous croyons profondément que c’est « de lui que le corps tout entier tire sa croissance pour s’affermir dans l’amour, sa cohésion et sa forte unité lui venant de toutes les articulations dont il est pourvu, pour assurer l’activité attribuée à chacune de ses parties. » (Éphésiens 4.16).

C’est l’Esprit qui opère en chacun d’entre nous pour nous transformer à l’image de Christ avec l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu.

Sans oublier ces vérités, tendre vers cet ADN ne soulève-t-il pas finalement aussi la question de l’acquisition de compétences ?
Ne serait-ce pas un réel défi à relever pour ces prochaines années de devenir tous plus compétents afin d’être encore mieux équipés en vue d’accomplir mutuellement cette noble tâche ?
Ne pourrions-nous pas rêver que Perspectives soit réputé pour son amour de la Parole de Dieu, sa foi en action, son engagement dans la mission mais aussi son excellent savoir-faire ?

Définissons très sobrement la compétence comme l’ensemble des savoirs, savoir-faire, savoir-faire faire et savoir être qui équipe un chrétien. 

Rappelons que les compétences sont des acquisitions essentiellement complexes. Ce n’est donc pas le passage à l’acte qui délimite la frontière entre connaissances et compétences, mais plutôt un niveau d’intégration et de complexité qui demande du temps. Pour imager le propos, il ne suffit pas d’enseigner, même des heures durant, la théorie des 4 phases de réalisation d’un salto en gymnastique (impulsion, élévation, rotation, réception), ni d’en faire la démonstration parfaite 10 fois devant les yeux d’un apprenant, pour qu’il acquiert cette compétence. Le savoir-faire du salto nécessite un ensemble d’acquisitions complexes mettant surtout le sujet au cœur de l’action et de ses apprentissages. 

En serait-il autrement des compétences à acquérir pour conduire nos églises à être plus missionnelles ? 

Penser en termes de compétences est aussi porteur de sens. La compétence balise le travail de celui qui apprend et lui donne du sens. C’est clairement à un projet commun et cohérent de formation qu’invite l’acquisition de notre ADN. Une grande part des formations, rencontres, séminaires peut ainsi être orientée vers l’accession de compétences visées et choisies ensemble. Il s’agit d’aiguiller notre façon de former, de repenser nos pratiques pédagogiques et didactiques en balisant un cheminement au travers des connaissances à faire acquérir successivement, mais surtout à intégrer progressivement et concrètement, dans le but que les collaborateurs puissent gagner en savoir-faire.

Qu’en est-il de notre savoir au plan missionnel ?

Beaucoup semblent avoir intégré, grâce notamment au travail persévérant et conséquent de Daniel Liechti et de l’équipe de direction, qu’une église missionnelle présente différentes singularités :

  • Elle favorise l’interpénétration et les influences réciproques. C’est une église qui s’attend à accueillir des non-chrétiens dans la quasi-totalité de ses activités.
  • Elle encourage et équipe intentionnellement ses membres. De manière illustrée, elle s’inspire des oisillons : ils sont éduqués pour s’adapter à l’extérieur et non pas à être compétents à rester dans le nid. A contrario, une grande partie de la formation des chrétiens est consacrée à l’église réunie ! Une église missionnelle veille à former davantage les chrétiens dispersés à prendre leur envol et à être pertinents à l’extérieur ; puisque sur une semaine de 168h, nos membres passent seulement 10h à l’église – et encore, pour les membres les plus zélés (😉) !
  • Elle prolonge le témoignage de ses membres et se positionne clairement comme partenaire des chrétiens, notamment lors des cultes auxquels ils peuvent amener avec joie et fierté leurs amis.

Qu’en est-il de notre savoir-faire ?

Peut-il encore progresser ? Suffit-il de comprendre et de connaître par cœur les éléments constitutifs d’une église missionnelle pour mettre en pratique ces connaissances sur le terrain ? Beaucoup de frères et sœurs nous interrogent avec sincérité et souci de bien faire, nous citons quelques-unes de leurs interrogations :

  • Comment concrètement accueillir avec un ADN d’église missionnelle ? 
  • Comment discuter avec une personne qui visite l’église pour la première fois ? 
  • Comment prêcher simultanément à un public mixte (chrétien – non-chrétien) ? 
  • Comment développer une culture du dialogue, de l’authenticité et du doute ? 
  • Comment renouveler l’ADN d’une église existante pour qu’elle soit moins dans le jugement ?
  • Comment apprendre à ses membres à assumer leur foi et à vivre un christianisme décomplexé, fier et pertinent ? 
  • Comment allier tout à la fois les bons arguments et la manière d’être adéquate, car le messager est aujourd’hui aussi important que le message pour nos contemporains ?

Ne pourrions-nous pas déterminer les compétences pratiques dont nous aurions besoin pour inspirer, équiper et accompagner chacun dans cette voie afin que nous accomplissions au mieux la mission que Jésus nous a confié et voir cette moisson s’agrandir ?

« À celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut réaliser infiniment au-delà de ce que nous demandons ou même pensons, 21 à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ pour toutes les générations et pour l’éternité. Amen ! » (Éphésiens 3.20)

Matthieu Koumarianos, chargé de mission pour le développement des églises

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