Réflexion

Perspectives

Le grand mal-être des étudiants

28 avril 2021administrateur

C’est un des thèmes phare des médias français depuis quelques semaines. Un reportage de France 3 Aquitaine du 20 janvier 2021 avait pour theme : « Covid : le grand mal-être des étudiants. » Ils décrochent. Au mieux, ils perdent leurs repères, au pire ils se mettent en danger. Les étudiants de la période Covid sont de plus en plus nombreux à exprimer leur mal-être. Et en face, peu de réponse à leur apporter. »

Nous avons sollicité le témoignage de trois jeunes, membres d’une Eglise Perspectives. Chacun a répondu par son expérience personnelle sans s’être concerté sur le contenu de leur texte :

« La promo Covid » : Anne est étudiante en alternance. Elle ne subit pas la solitude dans une chambre de cité universitaire car elle peut continuer d’aller au travail régulièrement.

« Rebondir pour célébrer Dieu » : Laurent est pasteur jeunesse. Il observe l’inquiétude des jeunes, aussi celle des collégiens. Il propose un partage biblique qui peut encourager dans la situation.

« Trop c’est trop » : Francis* (*nom d’emprunt) a arrêté ses études en janvier. La distance n’est pas le seul facteur à cet arrêt, mais en a été l’élément déclencheur.

La promo Covid

Je suis actuellement en 2è année de BTS en alternance. La situation sanitaire impacte donc ma formation du début à la fin. Nous sommes considérés comme un lycée, ainsi nous avons repris les cours en présentiel depuis septembre.

Aujourd’hui, on ne sait pas ce qui nous attend, on n’a aucune idée si on pourra passer le reste de nos examens normalement. Mais surtout on craint que dans quelques années notre BTS n’ait plus de valeur car nous sommes « la promo Covid ».
Beaucoup de nos examens ont été remplacés par du contrôle continu et le programme n’a pas pu être terminé correctement dans certaines matières. Lors du premier confinement, nous n’avons pas vu de décrochage (dans notre promo), même si le suivi des cours a été extrêmement compliqué pour certain. Cependant, notre formation étant en apprentissage, nous avons un répit dans nos cours, ainsi la situation est plus facile à vivre.

Pour ma part, je ne vais pas vous mentir et vous dire que la situation sanitaire est très facile à vivre. Cependant, je ne vis pas mal cette situation, au contraire je la vis plutôt bien, la pause dans mes périodes de cours me permet de ne plus penser à tout cela et à son impact sur ma formation. D’autre part, ce qui m’aide énormément lorsque je ressens plus de difficulté est de me dire que si Dieu a permis cette situation c’est pour une bonne raison, même si je ne la connais pas, parce que je n’ai pas le point de vue de Dieu.

Je tenais juste à vous encourager, à soutenir les étudiants de vos Eglises. Même si tous n’ont pas décroché, la situation n’est pas moins difficile à vivre. Gardez les dans vos prières, c’est réellement ce dont ils ont besoin (d’autant plus avec la fin de l’année qui arrive). 

Anne

Du bon usage de son temps

En 3ème année de licence sur Paris, la totalité de mes cours se passaient sur Zoom depuis octobre dernier. Si vous avez déjà fait 5h de visioconférence en une journée, vous savez que ce n’est pas facile de rester concentré et de garder la motivation. Le contact avec le prof et les autres étudiants n’est pas le même, derrière son écran avec la caméra éteinte chacun peut vaquer à ses occupations, la tentation est forte de faire autre chose.

Être assis derrière un écran vous oblige à avoir une discipline et une certaine rigueur, ce qui peut se révéler très difficile pour certains. À cela s’ajoute la fatigue cérébrale et visuelle car il faut redoubler d’attention pour recevoir le cours et les enseignements. La fatigue arrive deux fois plus vite, c’est un cercle vicieux. Je n’arrivais pas à garder le rythme et à trouver ma place dans ce fonctionnement.

J’ai arrêté mes études. Ce choix est pour moi l’occasion de me remettre en question, de faire une pause dans ma vie pour remettre de l’ordre. Mettre en pause les études ne signifie pas mettre un point final à sa vie, et je sens ce besoin de laisser un temps pour prendre du recul. « Il y a un temps pour toutes choses » comme le dit l’Ecclésiaste, aussi pour mettre une pause et savoir rebondir.

Je dois néanmoins avouer que le défi pour moi aujourd’hui est de faire un bon usage de mon temps. Je vis seul dans mon appartement et il peut être compliqué de trouver les bonnes activités à faire. Le bénévolat me semble être une bonne option, reste à savoir où, quand et dans quel domaine m’investir car le choix d’engagement est vaste.

Francis (nom d’emprunt)

 

 Rebondir pour célébrer Dieu

« Ce qui ne tue pas, t’endurcit. »
Oui, parce que toute expérience difficile nous force à développer des capacités extraordinaires.
Non, parce que nous n’y arrivons pas toujours. Parfois les situations difficiles nous font même perdre nos moyens au point d’être bloqués pour avancer.

C’est dans ces moments que nous réalisons à quel point nous dépendons de Dieu. Dieu veut que nous apprenions à accepter sa volonté sur nos vies, au lieu de la subir. Dans le livre de l’Ecclésiaste (3,1-3) nous lisons :

Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel : un temps pour naître et un temps pour mourir,
un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui a été planté, un temps pour tuer et un temps pour guérir, un temps pour démolir et un temps pour construire.

Pourquoi arracher ce qui a été planté ? Peut-être parce que cela n’a pas porté le fruit espéré. Pourquoi tuer alors que Dieu aime la vie ? Parce qu’en temps de guerre, il faut survivre. Mais comment retrouver la paix après un temps de guerre ?

Je retrouve une paix lorsque  j’accepte que les moments difficiles fassent partie de ma marche avec Dieu. Quand j’accepte qu’il ne faut pas toujours des réponses au « Pourquoi ?! » pour aimer Dieu. Et quand je crois que les beaux moments pour guérir et reconstruire sont à venir.

Les crises nous servent à embrasser notre Salut. Nous réalisons nos limites, nos défaillances – et notre péché face à celles-ci. Le besoin d’un sauveur devient subitement concret. Jésus gagne toute sa valeur à nos yeux. C’était le cas d’une femme que Jésus a rencontré un jour lorsqu’il prêchait dans une synagogue (Luc 13,11-12) :

Or il y avait là une femme habitée par un esprit qui la rendait infirme depuis 18 ans ; elle était courbée et ne pouvait pas du tout se redresser. Lorsqu’il la vit, Jésus lui adressa la parole et lui dit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » 

18 ans de souffrance, c’est peut-être la longueur de ta vie actuelle. Mais cette femme continue à vivre, à aller au culte. Elle ne se fait même pas remarquer. C’est Jésus qui va envers elle :  « Il posa les mains sur elle ; immédiatement elle se redressa, et elle se mit à célébrer la gloire de Dieu. »

C’est là que Dieu veut nous mener : dans la célébration de sa gloire. Imaginez juste pendant une seconde la reconnaissance de cette femme. Pourra-t-elle encore douter de la bonté de Dieu ? Toute sa vie elle témoignera de sa grandeur !

Terminons par une parabole : deux paysans avaient un terrain sec, sur lequel il n’avait pas plu pendant des années. L’un grondait envers Dieu, car il ne recevait pas la pluie qu’il demandait0. Mais l’autre prépara son terrain à recevoir la pluie. Et quand il plut, la récolte était très grande.

Pour rebondir avec force, attendez-vous à célébrer sa gloire ! Et préparez-vous, à recevoir.

Laurent Bustaus, pasteur jeunesse

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